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iv

VISITES DOMICILIAIRES.

MAISON D’ALFIERI.

Au bout du Ponte-alla-Trinita, en descendant le quai qui conduit au palais Corsini, entre le casino de la Noblesse et la maison habitée par le comte de Saint-Leu, ex-roi de Hollande, indiquée sous le no 4177, est la maison où mourut Alfieri.

L’appartement du poëte piémontais était au second étage. Lors de mon arrivée à Florence, cet appartement était vacant ; je le visitai dans la double intention de rendre hommage à la mémoire du Sophocle italien, comme on l’appelle pompeusement à Florence, et de le louer s’il me convenait. Malheureusement sa disposition rendait impossible la réalisation de ce dernier désir : quelque lustre qui eût pu rejaillir sur moi d’avoir dormi dans la même chambre et travaillé dans le même cabinet que l’auteur de Polinice et de la Conspiration des Pazzi, il me fallut renoncer à cet honneur.

Ce fut vers la fin de 1793, comme le dit lui-même Alfieri dans ses Mémoires, qu’il vint habiter la maison où il mourut.

« A la fin de cette même année il se trouva, près du pont de la Sainte-Trinité, une maison extrêmement jolie, quoique petite, placée sur le Long’Arno au midi : la maison de Gianfigliazzi, où nous allâmes nous établir vers le mois de novembre, où je suis encore, et où il est probable que je mourrai si le sort ne m’emporte pas d’un autre côté. L’air, la vue, la commodité de cette maison, me rendirent la meilleure partie de mes facultés intellectuelles et créatrices, moins les tramelogédies, auxquelles il ne me fut plus possible de m’élever[1]. »

  1. Cette citation et les citations suivantes que j’emprunterai aux Mémoires d’Alfieri sont prises dans la belle traduction de M. de Latour, homme de beaucoup de talent, et qui a déjà fait avec un rare bonheur passer dans notre langue les Dernières Lettres de Jacques Ortis et les Prisons de Silvio Pellico.