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n’avait vu : il vit dans les profondeurs du ciel des myriades d’étoiles jusqu’alors inconnues : les Nébuleuses, la Voie lactée, Jupiter et ses quatre satellites, Vénus et ses phases ; la Lune enfin, cette autre terre, avec ses lacs, ses vallées et ses montagnes. Saturne lui-même lui apparut quelquefois sous la forme d’un simple disque, quelquefois accompagné de deux petites planètes ; mais l’instrument encore incomplet trahit son auteur, et c’est à un autre qu’est réservée la découverte de l’anneau mystérieux qui enveloppe la planète de son cercle de flamme.

Alors, les critiques de l’époque redoublèrent d’insultes : on nia que Galilée pût voir véritablement ce qu’il disait avoir vu ; on compara ses découvertes au voyage chimérique d’Astolphe, et un prédicateur prit pour texte de son sermon : Viri Galilœi, quid statis ascipientes in cœlum ? Tous ceux qui avaient la vue courte applaudirent aux brocards de la critique et aux insultes du prédicateur, et il fut décidé que Galilée était un fou.

Enfin, un jour Galilée osa avancer, d’après Copernic, que c’était le soleil qui était immobile, et que la terre tournait autour de lui.

Cette fois, ce ne fut plus la critique qui le barbouilla d’encre, ce ne fut plus un prédicateur qui le larda de citations, ce furent les prêtres qui le déclarèrent hérétique. Galilée, conduit devant un tribunal, mis à la torture de la corde, fut forcé d’avouer que la terre était immobile, et que c’était le soleil qui tournait.

Ce fut le 22 juin 1652 que ce grand exemple de l’infaillibilité des jugemens humains fut donnée au monde. Galilée septuagénaire, mutilé par la torture, la corde au cou, un cierge a la main, fut traîné devant le tribunal. Là on le fit mettre à genoux, et on lui dicta cette abjuration qu’il répéta textuellement :

« Moi, Galilée, dans la soixante-dixième année de mon âge, étant constitué prisonnier, et à genoux devant vos Éminences, ayant devant les yeux les saints Évangiles que je touche de mes propres mains, j’abjure, je maudis et je déteste l’erreur et l’hérésie du mouvement de la terre. »

Puis, cette expiation achevée, on fit brûler ses livres par