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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/97

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La famille de Machiavel était des plus nobles et des plus anciennes ; son origine remonte jusqu’à l’année 850, aux antiques marquis de Toscane. Les Machiavel avaient été seigneurs de Montespertoli ; mais, préférant sans doute à leur petite principauté la qualité de citoyens de Florence, ils se soumirent de bon gré aux lois d’une république qui devait écrire plus tard dans ses statuts qu’on pourrait être déclaré noble pour crime de viol, de brigandage, d’empoisonnement, d’inceste et de parricide.

Exilés comme guelfes après la bataille de Montaperto, ainsi que les parens de Dante, ils rentrèrent dans leur patrie le 11 novembre 1266, après la victoire de Cepparano, remportée par Charles d’Anjou sur Manfred. À dater de cette époque sa réhabilitation fut complète, et on compte parmi les ancêtres de Machiavel seize gonfaloniers de justice et cinquante-trois prieurs.

Niccolo naquit à Florence le 5 mai 1469, de Bernard Machiavello, trésorier de la marche d’Ancône, et de Bartolommea Nelli, des comtes de Borgo-Nuovo. il perdit son père à seize ans ; mais sa mère, en redoublant pour lui d’affection et de dévouement, l’entoura de soins si tendres et si éclairés, qu’elle me tarda pas à en recueillir les fruits. Placé vers 1494 auprès de Marcello-Virginio Adriani, Niccolo montra de bonne heure les premiers éclairs de ce génie qui devait embrasser toutes les branches du savoir humain. Poëte, philosophe, critique, historien, publiciste, diplomate, orateur, aucun titre ne manqua à sa gloire, aucune auréole à son front. À vingt-neuf ans, il fut nommé, sur quatre concurrens, chancelier de la seigneurie, et un mois après il fut chargé de servir le conseil des Dix en qualité de secrétaire.

Dans l’espace de quatorze ans, il fut envoyé comme ambassadeur deux fois à la cour de Rome, deux fois auprès de l’empereur, quatre fois à la cour de France. Chargé des missions les plus délicates auprès de César Borgia, du prince de Piombino, de la comtesse de Forli, du marquis de Mantoue, des républiques de Sienne et de Venise, il conclut des traités, déjoua des complots, leva des armées. Sa réputation grandit promptement en Italie et parvint à l’étranger, ou n’osa plus décider une affaire de quelque importance sans