Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/121

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voir, de rien demander. N’ai-je pas été aussi heureux qu’un homme puisse l’être, quand je vous ai retrouvée dans ce caveau, quand je vous ai emportée dans mes bras en descendant cette montagne, quand vous vous êtes appuyée sur mon épaule dans cette barque ? Aussi je ne sais, mais je voudrais qu’un danger éternel vous menaçât, pour vous sentir toujours frissonner contre mon cœur : ce serait une existence vite usée qu’une existence pleine de sensations pareilles. On ne vivrait qu’un an peut-être ainsi, puis le cœur se briserait ; mais quelle longue vie ne changerait-on pas pour une pareille année ? Alors vous étiez toute à votre crainte, et moi j’étais votre seul espoir. Vos souvenirs de Paris ne vous tourmentaient pas. Vous ne feigniez pas de sourire pour me cacher vos larmes ; j’étais heureux !… je n’étais pas jaloux.

— Alfred, me dit gravement la comtesse, vous avez fait assez pour moi pour que je fasse quelque chose pour vous. D’ailleurs il faut