Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/140

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en un seul, Je vous regardais. Vous souvenez vous de cette soirée ?

— Oui, je crois me la rappeler, dit Pauline.

— Depuis, continuai-je, sans penser que j’interrompais son récit, depuis, j’entendis encore une fois, non pas cet air lui-même, mais la chanson populaire qui l’inspira. C’était en Sicile, vers le soir d’un de ces jours comme Dieu n’en a fait que pour l’Italie et la Grèce ; le soleil se couchait derrière Girgenti, la vieille Agrigente. J’étais assis sur le révère d’un chemin ; j’avais à ma gauche, et commençant à se perdre dans l’ombre naissante, toute cette plage couverte de ruines, au milieu desquelles ses trois temples seuls restaient debout. Au-delà de cette plage, la mer, calme et unie comme un miroir d’argent ; j’avais à ma droite la ville se détachant en vigueur sur un fond d’or, comme un de ces tableaux de la première école florentine, qu’on attribue à Gaddi, ou qui sont signés de Cimabué ou de Giotto. J’avais de-