Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/142

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sans parler. Pauline se remit la première.

— Oui, ce fut le beau temps, le temps heureux de ma vie, continua-t-elle. Oh ! les jeunes filles, elles ne connaissent pas leur félicité ; elles ne savent pas que le malheur n’ose toucher au voile chaste qui les enveloppe et dont un mari vient les dépouiller. Oui, j’ai été heureuse pendant trois ans ; pendant trois ans ce fut à peine si ce soleil brillant de mes jeunes années s’obscurcit un jour, et si une de ces émotions innocentes que les jeunes filles prennent pour de l’amour y passa comme un nuage. L’été, nous allions dans notre château de Meulien ; l’hiver, nous revenions à Paris. L’été se passait au milieu des fêtes de la campagne, et l’hiver suffisait à peine aux plaisirs de la ville. Je ne pensais pas qu’une vie si pure et si sereine pût jamais s’assombrir. J’avançai joyeuse et confiante ; nous atteignîmes ainsi l’automne de 1830.

Nous avions pour voisine de velleggiature