Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/179

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du comte, et comme sur tous les hommes remarquables, le monde émettait sur lui les jugemens les plus opposés. Ma mère au reste le regardait d’un point de vue complètement différent du mien, tous ces sophismes émis si hardiment par le comte lui paraissaient un jeu d’esprit et voilà tout, une espèce de médisance contre la société, comme tous les jours on en dit contre les individus. Ma mère ne le mettait donc ni si haut ni si bas que je le faisais intérieurement ; il en résultat que cette différence d’opinion que je ne voulais pas combattre me détermina à paraître ne plus m’occuper de lui. Au bout de dix minutes, je prétextai un léger mal de tête, et je descendis dans le parc, là rien ne vint distraire mon esprit de sa préoccupation, et je n’avais pas fait cent pas que je fus forcée de m’avouer à moi-même que je n’avais pas voulu parler du comte afin de mieux penser à lui. Cette conviction m’effraya ; je n’aimais pas le comte cependant, car, à l’annonce de sa présence, mon cœur eût certes plutôt battu de