Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/205

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Le comte continua donc de galoper près de nous pendant les cinq lieues qui nous restaient à faire. La rapidité de notre course, la difficulté de se tenir près de la portière fit que nous n’échangeâmes que quelques paroles. Arrivé au château il sauta à bas de son cheval, aida ma mère à descendre ; puis m’offrit sa main à mon tour. Je ne pouvais refuser : je tendis la mienne en tremblant ; il la prit sans vivacité, sans affectation, comme il eût pris celle de toute autre ; mais je sentis qu’il y laissait un billet. Avant que je n’aie pu dire un mot, ni faire un mouvement, le comte s’était retourné vers ma mère et la saluait ; puis il remonta à cheval, résistant aux instances qu’elle lui faisait pour qu’il se reposât un instant ; alors reprenant le chemin de Lucienne, où il était attendu, disait-il, il disparut au bout de quelques secondes.

J’étais restée immobile à la même place ; mes doigts crispés retenaient le billet, que je