Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/228

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de m’écrire d’aller le rejoindre. Je me repris à cette promesse et à cet espoir ; de sorte que je le vis s’éloigner plus tranquillement que je ne l’espérais.

Cependant les premiers jours de notre séparation furent affreux ; et pourtant, je vous le répète, ce n’était point une douleur d’amour : c’était le pressentiment vague, mais continu, d’un grand malheur. Le surlendemain du départ d’Horace je reçus de lui une lettre datée de Caen : il s’était arrêté pour dîner dans cette ville et avait voulu m’écrire, se rappelant dans quel état d’inquiétude il m’avait laissée. La lecture de cette lettre m’avait fait quelque bien, lorsque le dernier mot renouvela toutes ces craintes, d’autant plus cruelles qu’elles étaient réelles pour moi seule, et qu’à tout autre elles eussent paru chimériques : au lieu de me dire au revoir, le comte me disait adieu. L’esprit frappé s’attache aux plus petites choses : je faillis m’évanouir en lisant ce dernier mot.

Je reçus une seconde lettre du comte, datée