Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/230

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lettre était restée sans réponse. J’allai trouver madame de Lucienne, qui depuis le soir où je lui avais tout avoué, était devenue ma conseillère : je lui racontai mon effroi et mes pressentimens ; elle me dit alors ce que m’avait dit vingt fois ma mère, que la crainte que je ne fusse mal servie au château avait seule empêché Horace de m’emmener, elle savait mieux que personne combien il m’aimait, elle à qui il s’était confié tout d’abord, et que si souvent depuis il avait remerciée du bonheur qu’il disait lui devoir. Cette certitude qu’Horace m’aimait me décida tout-à-fait, je résolus, si le prochain courrier ne m’annonçait pas son arrivée, de partir moi-même et d’aller le rejoindre.

Je reçus une lettre : loin de parler de retour, Horace se disait forcé de rester encore six semaines ou deux mois loin de moi ; sa lettre était pleine de protestations d’amour ; il fallait ces vieux engagemens pris avec des amis pour l’empêcher de revenir, et la certitude que je serais affreusement dans ces ruines pour qu’il ne me dit pas d’aller le re-