Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/291

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» Adieu, Pauline. Je ne vous demande ni oubli ni miséricorde : il y a long-temps que je suis maudit, et votre pardon ne me sauverait pas. »

— C’est atroce, m’écriai-je ; ô mon Dieu, mon Dieu ! que vous avez dû souffrir !

— Oui. Aussi tout ce qui me resterait à vous raconter ne serait que mon agonie : ainsi donc…

— N’importe, m’écriai-je en l’interrompant, n’importe ; dites-la.

— Je lus cette lettre deux ou trois fois : je ne pouvais pas me convaincre moi-même de sa réalité. Il y a des choses contre lesquelles la raison se révolte : on les a devant soi, sous la main, sous les yeux ; on les regarde, on les touche, et l’on n’y croit pas. J’allai en silence à la grille ; elle était fermée ; je fis deux ou trois fois en silence le tour de mon caveau, frappant ses murs humides de mon poing incrédule ; puis je revins m’asseoir en silence dans un angle de mon tombeau. J’étais bien enfermée ; à la lueur de la lampe je voyais bien la lettre et le poi-