Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/292

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son ; cependant je doutais encore ; je disais, comme on se le dit quelquefois en songe : Je dors, je vais m’éveiller.

Je restai, ainsi assise et immobile jusqu’au moment où ma lampe se mit à pétiller. Alors une idée affreuse, qui ne m’était pas venue jusque là, me vint tout-à-coup ; c’est qu’elle allait s’éteindre. Je jetai un cri de terreur et m’élançai vers elle : l’huile était presque épuisée. J’allais faire dans l’obscurité mon apprentissage de la mort.

Oh ! que n’aurais-je pas donné pour avoir de l’huile à verser dans cette lampe. Si j’avais pu l’alimenter de mon sang, je me serais ouvert les veines avec mes dents. Elle pétillait toujours ; à chaque pétillement sa lumière était moins vive, et le cercle de ténèbres, qu’elle avait éloignés lorsqu’elle brillait dans tout sa force, se rapprochait graduellement de moi. J’étais près d’elle, à genoux, les mains jointes ; je ne pensais pas à prier Dieu, je ; la priais, elle…