Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/306

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autre titre ; mais Pauline, après y avoir réfléchi, avait repoussé, à mon grand étonnement, cette consolation, et, quelques instances que je lui eusse faites pour connaître le motif de son refus, elle avait refusé de me le révéler, prétendant qu’il m’affligerait.

Cependant nos journées passaient ainsi, pour elle, dans une mélancolie qui semblait parfois n’être point sans charmes, pour moi dans l’espérance, sinon dans le bonheur ; car je la voyais de jour en jour se rapprocher de moi par tous les petits contacts du cœur, et, sans s’en apercevoir elle-même, elle me donnait des preuves lentes mais visibles du changement qui s’opérait en elle : si nous travaillions l’un et l’autre, elle à quelque ouvrage de broderie, moi à un dessin ou à une aquarelle, il m’arrivait souvent, en levant les yeux vers elle, de trouver les siens fixés sur moi : si nous sortions ensemble, l’appui qu’elle me demandait d’abord était celui d’une étrangère à un étranger ; puis, au bout de quelque temps, soit faiblesse, soit abandon, je la sentais peser mollement à mon bras ; si je sortais