Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/313

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toute cette terre poétique que, pareil à un magicien qui évoque des fantômes, il a repeuplée de ses antiques habitans, auxquels il a mêlé les originales et gracieuses créations de sa fantaisie : nous retrouvâmes les sentiers escarpés que suivait, sur son bon cheval Gustave, le prudent Dalgetty. Nous côtoyâmes le lac sur lequel glissait, la nuit, comme une vapeur, la Dame blanche d’Avenel. Nous allâmes nous asseoir sur les ruines du château de Lochleven à l’heure même où la reine d’Écosse s’en était échappée, et nous cherchâmes sur les bords de la Tay le champ-clos ou Torquil du Chêne vit tomber ses sept fils sous l’épée de l’armurier Smith, sans proférer d’autre plainte que ces mots, qu’il répéta sept fois : Encore un pour Eachar !

Cette excursion sera éternellement pour moi un rêve de bonheur dont jamais n’approcheront les réalités de l’avenir : Pauline avait une de ces organisations impressionnables comme il en faut aux artistes, et sans laquelle un voyage n’est qu’un simple changement de localités, une accélération dans le mouvement