Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/315

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d’amour, de peur qu’elle ne s’aperçût que depuis long-temps nous avions dépassé les limites de l’amitié.

Quant à la santé de Pauline, les prévisions du docteur s’étaient réalisées en partie ; cette activité que le changement des lieux et les souvenirs qu’ils rappelaient entretenaient dans son esprit détournait sa pensée des souvenirs tristes qui l’oppressaient aussitôt qu’aucun objet important ne venait l’en distraire. Elle-même commençait presque à oublier, et à mesure que les abîmes du passé se perdaient dans l’ombre, les sommets de l’avenir se coloraient d’un jour nouveau. Sa vie, qu’elle avait crue bornée aux limites d’un tombeau, commençait à reculer ses horizons moins sombres, et un air de plus en plus respirable venait se mêler à l’atmosphère étouffante au milieu de laquelle elle s’était sentie précipitée.

Nous passâmes l’été tout entier en Écosse ; puis nous revînmes à Londres : nous y retrouvâmes notre petite maison de Piccadilly, et ce charme que l’esprit le plus enclin aux voyages