Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/325

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physionomie un caractère si étrange, enfin ce pli du front que, depuis un an, à défaut de remords, les soucis avaient dû faire plus large et plus profond.

La contredanse finie, Gabrielle alla se rasseoir près de sa mère. Aussitôt je priai un domestique de dire à madame de Nerval et à sa fille que quelqu’un les attendait dans la salle des pelisses et des manteaux. Ma mère et ma sœur jetèrent un cri de surprise et de joie en m’apercevant. Nous étions seuls, je pus les embrasser. Ma mère n’osait en croire ses yeux qui me voyaient et ses mains qui me serraient contre son cœur. J’avais fait une telle diligence qu’à peine pensait-elle que sa lettre m’était arrivée. En effet, la veille, à pareille heure, j’étais encore à Londres.

Ni ma mère ni ma sœur ne pensaient à rentrer dans les salons de danse ; elles demandèrent leurs manteaux, s’enveloppèrent dans leurs pelisses et donnèrent l’ordre au domestique de faire avancer la voiture. Gabrielle dit alors quelques mots à l’oreille de ma mère :