Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

respectée comme une sœur ; toutes les préoccupations de mon esprit avaient eu pour but de lui épargner une douleur ou de lui ménager un plaisir ; tous les désirs de mon ame avaient tourné autour de l’espérance d’être aimé un jour par elle. Quand on a vécu longtemps près d’une personne, il y a de ces idées qui vous viennent à tous deux en même temps. Je vis ses yeux se mouiller de larmes, elle poussa un soupir, et me serrant la main qu’elle tenait entre les siennes :

— Que vous êtes bon ! me dit-elle.

Je tressaillis de la sentir répondre aussi complètement à ma pensée.

— Trouvez-vous que j’aie fait ce que je devais faire ? lui dis-je.

— Oh ! vous avez été pour moi l’ange gardien de mon enfance, qui s’était envolé un instant, et que Dieu m’a rendu sous le nom d’un frère !

— Eh bien ! en échange de ce dévouement, ne ferez-vous rien pour moi ?