Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/371

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— Hélas ! que puis-je maintenant pour votre bonheur ? dit Pauline ; vous aimer ?… Alfred, en face de ce lac, de ces montagnes, de ce ciel, de toute cette nature sublime, en face de Dieu, qui les a faits, oui, Alfred, je vous aime ! Je ne vous apprends rien de nouveau en vous disant cela.

— Oh ! oui, oui, je le sais, lui répondis-je ; mais ce n’est point assez de m’aimer, il faut que votre vie soit attachée à la mienne par des liens indissolubles ; il faut que cette protection, que j’ai obtenue comme une faveur, devienne pour moi un droit.

Elle sourit tristement.

— Pourquoi souriez-vous ainsi ? lui dis-je.

— C’est que vous voyez toujours l’avenir de la terre, et moi l’avenir du ciel.

— Encore !… lui dis-je.

— Pas d’illusions, Alfred : ce sont les illusions qui rendent les douleurs amères et inguérissables. Si j’avais conservé quelque illusion, moi, croyez-vous que je n’eusse point fait connaître à ma mère que j’existais encore ?