Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/372

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Mais alors il m’aurait fallu quitter une seconde fois ma mère et vous, et c’eût été trop. Aussi ai-je eu d’avance pitié de moi-même et me suis-je privée d’une grande joie pour m’épargner une suprême douleur.

Je fis un mouvement de prière.

— Je vous aime ! Alfred, me répéta-t-elle : je vous redirai ce mot tant que ma bouche pourra prononcer deux paroles ; ne me demandez rien de plus, et veillez vous-même à ce que je ne meure pas avec un remords…

Que pouvais-je dire, que pouvais-je faire en face d’une telle conviction ? prendre Pauline dans mes bras et pleurer avec elle sur la félicité que Dieu aurait pu nous accorder et sur le malheur que la fatalité nous avait fait.

Nous demeurâmes quelques jours à Lucerne, puis nous partîmes pour Zurich ; nous descendîmes le lac et nous arrivâmes à Pfeffers. Là nous comptions nous arrêter une semaine ou deux ; j’espérais que les eaux ther-