Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/373

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males feraient quelque bien à Pauline. Nous allâmes visiter la source féconde sur laquelle je basais cette espérance. En revenant, nous te rencontrâmes sur ce pont étroit, dans ce souterrain sombre : Pauline te toucha presque, et cette nouvelle rencontre lui donna une telle émotion qu’elle voulut partir à l’instant même. Je n’osai insister, et nous prîmes sur-le-champ la route de Constance.

Il n’y avait plus à en douter pour moi-même, Pauline s’affaiblissait d’une manière visible. Tu n’as jamais éprouvé, tu n’éprouveras jamais, je l’espère, ce supplice atroce de sentir un cœur qu’on aime cesser lentement de vivre sous votre main, de compter chaque jour, le doigt sur l’artère, quelques battemens fiévreux de plus, et de se dire, chaque fois que dans un sentiment réuni d’amour et de douleur on presse sur sa poitrine ce corps adoré, qu’une semaine, quinze jours, un mois encore, peut-être, cette création de Dieu, qui vit, qui pense, qui aime, ne sera plus qu’un froid cadavre sans parole et sans amour !