Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/374

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Quant à Pauline, plus le temps de notre séparation semblait s’approcher, plus on eût dit qu’elle avait amassé pour ces derniers momens les trésors de son esprit et de son ame. Sans doute mon amour poétise ce crépuscule de sa vie ; mais, vois-tu, ce dernier mois qui s’écoula entre le moment où nous te rencontrâmes à Pfeffers et celui où, du haut de la terrasse d’une auberge, tu laissas tomber au bord du lac Majeur ce bouquet d’oranger dans notre calèche, ce dernier mois sera toujours présent à ma pensée, comme a dû l’être à l’esprit des prophètes l’apparition des anges qui leur apportaient la parole du Seigneur.

Nous arrivâmes ainsi à Arona. Là, quoique fatigués, Pauline semblait si bien renaître aux premières bouffées de ce vent d’Italie que nous ne nous arrêtâmes qu’une nuit ; car tout mon espoir était maintenant de gagner Naples. Cependant le lendemain elle était tellement souffrante qu’elle ne put se lever que fort tard, et qu’au lieu de continuer notre route en voiture je pris un bateau pour atteindre Sesto-Calende. Nous nous embarquâmes vers les cinq