Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/375

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heures du soir. À mesure que nous nous approchions, nous voyions aux derniers rayons tièdes et dorés du soleil la petite ville, couchée aux pieds de ses collines, et sur ses collines ses délicieux jardins d’orangers, de myrtes et de lauriers-roses. Pauline les regardait avec un ravissement qui me rendit quelque espoir que ses idées étaient moins tristes.

— Vous pensez qu’il serait bien doux de vivre dans ce délicieux pays ? lui demandai-je.

— Non, répondit-elle : je pense qu’il serait moins douloureux d’y mourir. J’ai toujours rêvé les tombes ainsi, continua Pauline, placées au milieu d’un beau jardin embaumé, entouré d’arbustes et de fleurs. On ne s’occupe pas assez, chez nous, de la dernière demeure de ceux qu’on aime : on pare leur lit d’un jour, et on oublie leur couche de l’éternité !… Si je mourais avant vous, Alfred, reprit-elle en souriant, après un moment de silence, et que vous fussiez assez généreux pour continuer à la mort les soins de la vie, je voudrais que vous vous souvinssiez de ce que je viens de vous dire.