Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/379

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tomba la tête sur son lit. Je voulus la prendre dans mes bras ; mais elle me repoussa doucement, et sans rouvrir les yeux : Laisse-moi, mon Alfred, me dit-elle ; je t’aime !… je suis bien… je suis heureuse !…

Je sortis de la chambre ; je n’aurais pas pu y rester dans l’état d’exaltation où ce baiser fiévreux m’avait mis. Je rentrai chez moi ; je laissai la porte de communication entr’ouverte afin de courir près de Pauline au moindre bruit ; puis, au lieu de me coucher, je me contentai de mettre bas mon habit, et j’ouvris la fenêtre pour chercher un peu de fraîcheur.

Le balcon de ma chambre donnait sur ces jardins enchantés que nous avions vus du lac en nous approchant de Sesto. Au milieu des touffes de citronniers et des massifs de lauriers-roses, quelques statues debout sur leurs piédestaux se détachaient aux rayons de la lune, blanches comme des ombres. À force de fixer les yeux sur une d’elles, ma vue se troubla, il me sembla la voir s’animer et