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PAULINE

retombant avec elles. Je ramais toujours ; mais, voyant bientôt que je m’épuisais inutilement, et prévoyant le cas où je serais obligé de me sauver à la nage, je tirai mes deux avirons de leurs crochets, je les jetai au fond de la barque, auprès de la voile et du mât, et, ne gardant que mon pantalon et ma chemise, je me débarrassai de tout ce qui pouvait gêner mes mouvemens. Deux ou trois fois je fus sur le point de me jeter à la mer ; mais la légèreté de la barque même me sauva ; elle flottait comme un liége, et n’embarquait pas une goutte d’eau ; seulement il y avait à craindre que d’un moment à l’autre elle ne chavirât ; une fois je crus sentir qu’elle touchait ; mais la sensation fut si rapide et si légère, que je n’osai l’espérer. L’obscurité était d’ailleurs tellement profonde, que je ne pouvais distinguer à vingt pas devant moi ; de sorte que j’ignorais à quelle distance j’étais encore du rivage. Tout-à-coup j’éprouvai une violente secousse : il n’y avait plus de doute cette fois,