Page:Dumas - La salle d'armes 1 Pauline, Dumont, 1838.djvu/96

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Je fis préparer une chambre dans un corps de logis entièrement séparé du mien, pour ne pas blesser la susceptibilité de Pauline ; puis je recommandai à notre hôtesse de ne lui monter que du bouillon coupé, toute autre nourriture pouvant devenir dangereuse dans l’état d’irritation et d’affaiblissement où devait être l’estomac de la malade. Ces ordres donnés, je me retirai dans ma chambre.

Là je pus me livrer tout entier au sentiment de joie qui remplissait mon ame, et que, devant Pauline, je n’avais point osé laisser éclater. Celle que j’aimais encore, celle dont le souvenir, malgré une séparation de deux ans, était resté vivant dans mon cœur, je l’avais sauvée, elle me devait la vie. J’admirais par combien de détours cachés et de combinaisons diverses le hasard ou la Providence m’avait conduit à ce résultat ; puis tout-à-coup il me passait un frisson mortel par les veines en songeant que, si une de ces circon-