Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/100

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— Pietro, qu’elle me dit — elle savait mon nom, comprenez-vous ? — Eh bien ! oui, Pietro, que je réponds, après ?...

— Pietro, répéta-t-elle, tu fais partie de l’équipage du capitaine Aréna.

— Pardieu ! belle malice ! C’est connu, ça ; si vous n’avez pas autre chose à m’apprendre, ce n’est pas la peine de m’arrêter.

— Tu l’aimes.

— Oh ! ça, comme un frère.

— Eh bien ! dis-lui de ne faire aucun voyage pendant cette lune-ci ; c’est tout. Ce voyage lui serait fatal, à lui et à ses compagnons.

— Bah ! vous croyez ?

— J’en suis sûre.

— Eh bien ! je lui dirai ça.

— Tu me le promets ?

— Ma parole !

— C’est bien, passe.

Alors elle se dérangea ; je me fis mince pour ne pas la toucher ; je continuai ma route pendant vingt pas, pas plus vite les uns que les autres, pour ne pas avoir l’air d’avoir peur ; mais, au premier tournant, je pris mes jambes à mon cou ; et je détale un peu vite, allez, quand je m’y mets.

— Oui, oui ; je connais vos moyens. La barque m’attendait. Quand Nunzio et mon frère me virent arriver tout essoufflé, ils se doutèrent bien qu’il y avait quelque chose ; alors ils me prirent chacun par un bras pour m’aider à monter plus vite, et ils se mirent à ramer comme s’ils faisaient la pêche de l’espadon. Ça n’aurait pas pu durer long-temps comme cela ; mais une fois hors de la crique le vent s’éleva, nous hissâmes la voile, et nous arrivâmes vivement au village. J’avais envie d’aller éveiller le capitaine tout de suite, mais je pensai que le lendemain matin il serait temps. D’ailleurs je ne voulais rien dire devant sa femme. Le lendemain j’allai le trouver et je lui contai l’affaire.

— Elle m’a déjà dit la même chose, me répondit-il.

— Eh bien ! est-ce que vous n’attendrez pas l’autre lune, capitaine ?

— Impossible. On commence déjà à faire sécher la passo-