Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/103

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d’un rocher dont la base trempait dans la mer, regardant le bâtiment, et de temps en temps s’essuyant les yeux avec un mouchoir.

— C’est bien elle, dis-je en rendant la longe-vue au capitaine.

~ Oui, je l’ai reconnue.

— Est-ce qu’elle va rester longtemps là ? c’est qu’elle m’offusque.

— Crois-tu véritablement qu’elle soit sorcière

— Si elle l’est, capitaine ! j’en mettrais ma main au feu !

— Cependant elle ne m’a jamais fait de mal ; au contraire, sans elle...

— Après ?

— Eh bien ! sans elle, je ne naviguerais plus aujourd’hui. Elle ne peut me vouloir du mal, car, lorsque je l’ai vue au bord du lac, elle ne menaçait pas, elle priait, elle pleurait.

— Pardieu ! si ce n’est que cela, elle pleure encore, on le voit bien.

Le capitaine reporta la lunette à son œil, regarda plus attentivement encore que la première fois ; puis, poussant un soupir, il renfonça sa lunette avec la paume de sa main, et passant son bras sous le mien : — Allons faire un tour sur l’avant, me dit-il.

— Volontiers, capitaine.

L’équipage n’avait jamais été plus gai ; on riait, on racontait des histoires ; et puis, voyez-vous, quand nous allons dans les lies, c’est une fête ; nous y avons des connaissances, comme vous avez pu voir, de sorte que chacun parlait de sa chacune, et il ne faut pas demander si on riait. Aussitôt qu’ils m’aperçurent : — Allons, Pietro, la tarentelle. — Oh ! je ne suis pas en train de danser, que je leur réponds.

— Bah ! nous le ferons bien danser malgré loi, dit mon pauvre frère. Oh! un bon garçon, voyez-vous, dix ans de moins que moi ; je l’aimais comme mon enfant. Alors il se met a siffler, les autres à chanter, et moi, ma foi, je sens la plante des pieds qui me démange ; je commence à danser d’une jambe, puis de l’autre, et me voilà parti. Vous savez, quand je m’y mets, ce n’est pas pour un peu : ils allaient toujours, et moi aussi ; au bout d’une demi-heure je tombe sur mon