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Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/164

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prières. Quant à nous, nous leur enjoignîmes de partir au premier souffle de vent ; ils s’y engagèrent sur leur parole, nous baisèrent une dernière fois les mains, et nous nous séparâmes.

Nous suivions pour aller à Scylla la route déjà parcourue, et sur laquelle par conséquent nous n’avions aucune observation à faire ; mais comme notre guide était forcé de marcher à pied, attendu qu’après nous avoir promis d’amener trois mulets, il n’en avait amené que deux, espérant que nous n’en payerions ni plus ni moins les trois piastres convenues par chaque jour, nous ne pouvions aller qu’un train très ordinaire ; encore en arrivant à Scylla nous déclara-t-il que, ses mulets n’ayant point mangé avant leur départ, il était de toute urgence qu’il les fit déjeuner avant d’aller plus loin. Cela amena un éclaircissement tout naturel : j’avais entendu que la nourriture, comme toujours, serait au compte du muletier, et lui, au contraire, prétendait avoir entendu que la nourriture de ses mulets serait au compte de ses voyageurs. La chose n’était point portée sur le papier, mais, comme heureusement il y avait sur le papier que le guide fournirait trois mulets et qu’il n’en avait fourni que deux, Je le sommai de tenir ses conventions à la lettre, à défaut de quoi j’allais aller prévenir mon ami le brigadier de gendarmerie. La menace fit son effet : il fut arrêté que, tout en me contentant de deux mulets, j’en payerais un troisième, et que le prix du mulet absent serait affecté à la nourriture des deux mulets présens.

Afin de ne pas perdre une heure inutilement à Scylla, nous montâmes, Jadin et moi, sur le rocher où est bâtie la forteresse. Là, nous relevâmes une petite erreur archéologique : c’est que la citadelle, qu’on nous avait dit élevée par Murat, datait de Charles d’Anjou : il y avait cinq siècles et demi de différence entre l’un et l’autre de ces deux conquérans. Mais le renseignement nous avait été donné par nos Siciliens, et j’avais déjà remarqué qu’il ne fallait pas scrupuleusement les croire à l’endroit des dates.

Ce fut le 7 février 1808 que les compagnies de voltigeurs du 25e régiment d’infanterie légère et du 67e régiment d’infanterie de ligne entrèrent à la baïonnette dans la petite ville de Scylla, et en chassèrent les bandits qui l’occupaient, et qui