Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/22

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En effet, rien ne s’opposait plus à leur union ; aussi cette idée vint-elle aux pères comme elle était venue aux enfans : on fixa seulement les noces à la fin du grand deuil, c’est-à-dire à une année.

Vers ce même temps, le chevalier Bruni ayant appris que Costanza était, par la mort de don Ramiro, redevenue libre, renouvela sa demande ; malheureusement comme la première fois il arrivait trop tard, d’autres arrangemens étaient pris, à la grande satisfaction des deux amans, et le comte de La Bruca répondit au chevalier Bruni que le fils cadet du comte Rizzari étant devenu son fils ainé, il lui succédait, non-seulement dans son titre et dans sa fortune, mais encore dans l’union projetée depuis longtemps entre les deux maisons.

Comme la première fois, le chevalier Bruni se retira sans dire une seule parole ; si bien que ceux qui connaissaient son caractère ne pouvaient rien comprendre à cette modération.

Les jours et les mois s’écoulèrent bien différens pour les deux jeunes gens des jours et des mois de l’année précédente : le terme fixé pour l’expiration du deuil était le 12 septembre : le 15 les jeunes gens devaient être unis.

Ce jour bienheureux, que dans leur impatience ils ne croyaient jamais atteindre, arriva enfin.

La cérémonie eut lieu au château de La Bruca. Toute la noblesse des environs était conviée à la fête ; à onze heures du matin les jeunes gens furent unis à la chapelle. Costanza et Albano n’eussent point échangé leur sort contre l’empire du monde.

Après la messe, chacun se dispersa dans les vastes jardins du château jusqu’à ce que la cloche sonnât l’heure du dîner. Le repas fut homérique : quatre-vingts personnes étaient réunies à la même table.

Les portes de la salle à manger donnaient d’un côté sur le jardin splendidement illuminé, de l’autre dans un vaste salon où tout était préparé pour le bal ; de l’autre côté du salon était la chambre nuptiale que devaient occuper les jeunes époux.

Le bal commença avec cette frénésie toute particulière aux Siciliens ; chez eux tous les sentimens sont portés à l’excès :