Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/26

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Tout ce qu’il y avait d’hommes dans la salle, parens, amis, domestiques, se précipitèrent à la poursuite des assassins ; mais toutes les recherches furent inutiles ; le château de La Bruca était isolé, situé au pied des montagnes, et il n’avait pas fallu plus de deux minutes aux deux terribles masques pour gagner ces montagnes et s’y cacher a tous les yeux.

Costanza, à la vue du cadavre de son bien-aimé Albano, tomba dans d’affreuses convulsions qui durèrent toute la nuit. Le lendemain elle était folle.

Cette folie, d’abord ardente, avait pris peu à peu un caractère de mélancolie profonde ; mais, comme je l’ai dit, le baron Pisani n’espérait pas que la guérison pût aller plus loin.

En 1840 je revis Lucca à Paris, il était parfaitement guéri, et avait conservé un souvenir très présent et très distinct de la visite que je lui avais faite. Ma première question fut pour sa compagne, la pauvre Costanza ; mais il secoua tristement la tête. La double prédiction du baron s’était vérifiée pour elle et pour lui. Lucca avait recouvré sa raison, mais Costanza était toujours folle.


MŒURS ET ANECDOTES SICILIENNES.

Le Sicilien est, comme tout peuple successivement conquis par d’autres peuples, on ne peut plus désireux de la liberté ; seulement, là comme partout ailleurs, il y a deux genres de liberté : la liberté de l’intelligence, la liberté de la matière. Les classes supérieures sont pour la liberté sociale, les classes inférieures sont pour la liberté individuelle. Donnez