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Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/56

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chez lui, nous nous acheminâmes vers le couvent. Nous arrivâmes comme la cloche sonnait.

Heureusement, de peur de nous faire quelque mauvaise affaire avec les Lipariotes, nous avions précautionnellement mis Milord en laisse : en entrant dans le réfectoire nous trouvâmes un troupeau de quinze ou vingt chats. Je laisse à juger au lecteur de l’extermination féline qui aurait eu lieu si Milord s’était trouvé libre.

Toute la communauté consistait en une douzaine de moines ; ils étaient assis à une table à trois compartimens, dont deux en retour comme les ailes d’un château : le supérieur, sans aucune distinction apparente, était assis au centre de la table qui faisait face à la porte ; nos deux couverts étaient placés vis-à-vis de lui.

Quoique nous fussions au mardi, la communauté faisait maigre, ne mangeant que des légumes et du poisson ; on nous servit à part un morceau de bœuf bouilli et des es pèces de tourterelles rôties dont j’avais vu un certain nombre dans l’île.

Au dessert, et comme les moines, après avoir dit les grâces, se levaient pour se retirer, le supérieur leur fit signe de se rasseoir, et l’on apporta une bouteille de malvoisie de Lipari ; c’était bien le plus admirable vin que j’eusse jamais bu de ma vie ; il se récoltait et se fabriquait au couvent même.

Le souper achevé, nous prîmes congé du supérieur, en lui demandant jusqu’à quelle heure nous pouvions rentrer : il répondit que le couvent, qui se ferme ordinairement à neuf heures, serait pour nous ouvert toute la nuit.

Nous nous rendîmes chez le gouverneur ; il habitait une maison décorée du nom de château, et qui, en effet, comparée à toutes les autres, méritait incontestablement ce titre. Il nous attendait avec impatience, et nous présenta à sa femme ; toute sa postérité se composait d’un bambin de cinq ou six ans.

À peine fûmes-nous assis sur une charmante terrasse toute garnie de fleurs et qui dominait la mer, qu’on nous apporta du café et des cigares ; le café était fait à la manière orientale, c’est-à-dire pilé sans être rôti, et bouilli au lieu