Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/64

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pour quelque vol ou quelque meurtre. Nous nous étions particulièrement attachés à un petit bonhomme d’une quinzaine d’années, à la figure douce comme celle d’une jeune fille. Nous nous informâmes de ce qu’il avait fait : il avait, à l’âge de douze ans, tué, d’un coup de couteau, un domestique de la princesse de la Cattolica.

Après avoir passé en revue les hommes, qui avaient d’abord absorbé toute notre attention, nous examinâmes le sol ; à mesure qu’il se rapprochait du centre du cratère, il perdait de sa solidité, devenait tremblant comme la houille d’un marais, puis enfin menaçait de manquer sous les pieds. Une pierre de quelque pesanteur, jetée au milieu de ce terrain mouvant, s’y enfonçait et disparaissait comme dans de la boue.

Après une heure d’exploration, nous remontâmes, toujours accompagnés de nos deux jeunes et aimables guides, qui ne voulurent pas nous abandonner un seul instant ; seulement, au haut du cratère, ils se séparèrent : l’un nous quitta pour nous aller écrire quelques lettres de recommandation pour la Calabre, l’autre resta avec nous pour nous accompagner à une grotte que notre voisin le gouverneur avait eu le soin de recommander à notre attention.

Cette grotte, effectivement fort curieuse, est située dans la partie de l’île qui fait face à la Calabre ; c’est une étroite ouverture qui, après une quinzaine de pas, va en s’élargissant ; on n’y pêche qu’en marchant à quatre pattes dans les endroits faciles, et en rampant dans les endroits difficiles ; encore est-on bientôt obligé de revenir à l’orifice extérieur pour faire une nouvelle provision d’air respirable. Quelques nouvelles instances que nous fissions à Milord, il refusa obstinément de nous suivre ; et j’avoue que je compris son entêtement : je commençais, comme lui, à me défier des surprises.

Après trois essais successifs, nous parvînmes enfin au fond de la grotte, qui s’élève d’une dizaine de pieds et s’élargit d’une quinzaine de pas ; là nous allumâmes les torches dont nous nous étions munis, et, malgré la vapeur qui la remplissait, la caverne s’éclaira. Les parois étaient recouvertes d’ammoniaque et de muriate de soude, et au fond bouillonnait un petit lac d’eau chaude ; un thermomètre pendu à