Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/91

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la bande qui la retenait, l’appareil s’est dérangé pendant la nuit.

— N’importe, voyons toujours.

La blessure allait à merveille, elle était presque fermée. Le docteur proposa un second emplâtre pareil à l’autre, et chargea la vieille de l’appliquer sur le côté du malade. Mais à peine eut-il le dos tourné, que le capitaine, qui se rappelait ce qu’il avait souffert la veille, jeta le diable d’emplâtre par la fenêtre, remit sur sa blessure les herbes, toutes sèches qu’elles étaient, et, comme il se sentait bien, il demanda à prendre un bouillon ; mais la vieille lui dit que c’était chose défendue. Il n’y avait pas à dire, il fallait s’en priver ; il passa par tout ce qu’on voulut, et, comme ça allait de mieux en mieux, le soir il dit à la vieille qu’elle pouvait se coucher, qu’il n’avait plus à faire de personne, qu’elle laissât seulement la lampe allumée, et que s’il avait besoin d’elle il l’appellerait. La vieille ne demandait pas mieux, elle fit ce que désirait le capitaine, et elle le laissa seul. Cette fois, au lieu de s’endormir, il demeura les yeux ouverts et fixés sur la porte. A minuit elle s’ouvrit comme d’habitude, et la jeune fille s’avança vers lui.

— Vous ne dormez pas ? dit-elle au capitaine.

— Non, je vous attends.

— Et comment vous trouvez-vous ?

— Oh ! bien, toute la journée et encore mieux maintenant.

— Votre blessure ?

— Voyez, elle est fermée.

— Oui.

— Grâce à vous, car c’est vous qui m’avez sauvé.

— C’était bien le moins que je vous soignasse ; c’était pour moi que vous aviez été blessé : grâce à Dieu, vous êtes guéri.

— Si bien guéri, répondit le capitaine, qui ne perdait pas de vue son bouillon, que je meurs de faim, je vous l’avouerai.

La jeune fille sourit, tira le flacon de la veille, seulement cette fois la liqueur qu’il contenait était rouge comme du vin ;