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minutes d’une coupe acharnée il gagna sain et sauf le rivage.

À peine s’était-il secoué, opération qui ne fut pas longue vu l’exiguïté du costume auquel il était réduit, qu’il aperçut la flamme que le Serpent-Noir avait allumée pour rallier ses camarades. Son premier soin fut de tourner le dos à ce signal et de s’en éloigner au plus vite.

Malgré les soins délicats que le grand chef avait eus de lui pendant les six journées qu’ils étaient restés ensemble, le capitaine Pamphile avait constamment nourri l’espoir qu’une occasion se présenterait un jour ou l’autre de s’en séparer ; aussi, de peur que le hasard ne lui en envoyât pas une seconde il résolut de profiter de la première ; et, malgré l’obscurité et la tempête, il s’enfonça dans les forêts qui s’étendent des rives du fleuve à la base des montagnes.

Après deux heures de marche à peu près, le capitaine Pamphile, pensant qu’il avait mis une distance suffisante entre lui et ses ennemis, se décida à faire une pause et à songer aux moyens de passer la meilleure nuit possible.

La position n’était rien moins que confortable ; le fugitif se retrouvait avec sa peau de castor pour vêtement, et il fallait qu’elle lui tînt lieu, pour le moment, de matelas et de couverture ; il frissonnait d’avance à l’idée de la nuit qu’il allait passer, lorsqu’il entendit, de trois ou quatre côtés différents, des hurlements lointains qui détournèrent sa pensée de cette première préoccupation pour la reporter sur une autre perspective bien autrement inquiétante ; dans ces hurlements, le capitaine Pamphile