Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et passant comme des festons de l’une à l’autre, jusqu’à ce qu’elles arrivassent à la voûte ; là, elles se glissaient comme des serpents pour aller épanouir au soleil leurs corolles écarlates et parfumées, tandis que celles qui étaient forcées de s’ouvrir en chemin fleurissaient pâles, inodores, maladives et comme jalouses du bonheur de leurs amies, qui s’échauffaient à la clarté du jour et sous le sourire de Dieu.

Sur les deux heures, le capitaine Pamphile sentit vers la région de l’estomac des tiraillements qui lui annoncèrent qu’il n’avait pas soupé la veille, et que l’heure de son déjeuner était passée depuis longtemps. Il regarda autour de lui : des oiseaux voletaient toujours d’arbre en arbre, des écureuils ailés sautaient incessamment de branche en branche, comme s’ils eussent fait la même route que lui ; mais il n’avait ni fusil ni sarbacane pour les atteindre. Il essaya bien de leur jeter quelques pierres ; mais il comprit bientôt que cet exercice ajouterait encore à son appétit sans amener de résultat propre à le calmer ; en conséquence, il résolut de chercher d’autres ressources et de se rabattre sur les végétaux. Cette fois, sa quête fut plus heureuse : après quelques instants d’une recherche attentive, rendue difficile par cette demi-obscurité, il trouva deux ou trois racines de la famille des souchets, et quelques-unes de ces plantes appelées vulgairement choux caraïbes.

C’était à peu près tout ce qu’il fallait pour amuser son estomac ; mais le capitaine Pamphile était homme de précaution : il pensa qu’il n’aurait pas plus tôt calmé sa