Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

phile comprit tout cela du premier regard et ne poussa pas plus loin ses questions, respectant la force d’âme de ce sauvage héros du désert. Alors il se retourna vers la femme.

— Le voyageur est las et a faim ; sa mère peut-elle lui donner un repas et un lit ?

— Il y a sous les cendres un gâteau et dans ce coin une peau d’ours, dit la vieille ; mon fils peut manger l’un et se coucher sur l’autre.

— N’avez-vous donc rien autre chose ? continua le capitaine Pamphile, qui, après le dîner frugal qu’il avait fait dans la forêt, n’eût pas été fâché de trouver un souper plus substantiel.

— Si fait, j’ai autre chose, dit la vieille se rapprochant d’un mouvement rapide, et fixant ses yeux avides sur la chaîne d’or qui soutenait, au cou du capitaine Pamphile, la montre que lui avait rendue le grand chef. J’ai… Mon fils a une bien belle chaîne !… J’ai de la chair de buffle salé et de bonne venaison. Je serais bien heureuse d’avoir une chaîne pareille.

— Eh bien, apportez votre buffle salé et votre pâté de daim, répondit le capitaine Pamphile évitant de répondre au désir de la vieille, ni par une promesse, ni par un refus ; puis, si vous aviez, dans quelque coin, une bouteille d’eau-de-vie d’érable, elle ne serait pas déplacée, je crois, en si bonne compagnie.

La vieille s’éloigna, tournant de temps en temps la tête pour regarder encore le bijou qui lui faisait si visiblement envie ; puis enfin, soulevant une natte de roseaux,