Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/199

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son Coligny, qui se retrouva à peu près rependu vers les cinq heures du soir. Alors, pensant que c’était bien assez de besogne comme cela pour une journée, il alla faire un tour sur le boulevard, revint dîner à la taverne anglaise, puis s’en alla au spectacle, où il resta jusqu’à onze heures et demie.

En entrant dans son atelier, qu’il trouva tiède encore de la chaleur de la journée, Tony vit avec satisfaction que rien n’avait été dérangé en son absence et que Jacques dormait sur son coussin : il se coucha donc à son tour dans une quiétude parfaite et s’endormit bientôt du sommeil du juste.

Vers minuit, il fut réveillé par un bruit de vieilles ferrailles : on eût dit que tous les revenants d’Anne Radcliffe traînaient leurs chaînes dans l’atelier ; Tony croyait peu aux fantômes, et, pensant qu’on venait lui voler le reste de son bois, il étendit sa main vers une vieille hallebarde damasquinée, et ornée d’une houppe qui faisait partie d’un trophée pendu au mur.

Son erreur fut courte.

Au bout d’un instant, il reconnut la cause de tout ce vacarme et enjoignit à Jacques de se recoucher. Jacques obéit, et Tony reprit, avec l’ardeur d’un homme qui a bien travaillé toute la journée, son sommeil momentanément interrompu. Au bout d’une demi-heure, il fut réveillé par des plaintes étouffées.

Comme Tony demeurait dans une rue écartée, il crut qu’on assassinait quelqu’un sous ses fenêtres, sauta à bas de son lit, prit une paire de pistolets et courut ouvrir la