Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/222

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Lorsque le capitaine remonta sur le pont, les deux bâtiments étaient à peu près à une lieue l’un de l’autre, et l’on pouvait reconnaître dans le nouvel arrivant l’honnête et grave démarche d’un navire marchand, qui, chargé, de toutes ses voiles et par une bonne brise, file décemment ses cinq ou six nœuds à l’heure ; il en résultait que même eût-il tenté de prendre chasse, le Zéphir eut été rejoint au bout de deux heures par la vive et coquette Roxelane ; mais il ne l’essaya même pas, confiant qu’il était dans la paix jurée par la Sainte-Alliance et dans l’extinction de la piraterie, dont il avait lu, huit jours encore avant son départ, la nécrologie dans le Constitutionnel. Il continua donc de s’avancer sur la foi des traités, et il n’était plus qu’à une demi-portée de canon du capitaine Pamphile, lorsque ces mots retentirent à bord de la Roxelane, et, portés par le vent, allèrent frapper les oreilles étonnées du capitaine du Zéphir :

— Ohé ! du trois-mâts ! mettez une embarcation à la mer, et envoyez-nous le capitaine.

Il y eut une pause d’un instant, puis ces mots, partis du bord du trois-mâts, parvinrent à leur tour jusqu’à la Roxelane :

— Nous sommes le bâtiment de commerce le Zéphir, capitaine Malvilain, chargé d’eau-de-vie, et faisant route de Nantes à New-York.

— Feu ! dit le capitaine Pamphile.

Un sillon de lumière accompagné d’un tourbillon de fumée, et suivi d’une détonation violente, partit aussitôt de l’avant de la Roxelane, et en même temps, on aper-