Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/227

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dans la rivière, au lieu des troupeaux nombreux qui venaient, en bêlant et en mugissant, se désaltérer sur ses bords, il n’y avait plus que des terres en friche et une solitude profonde. Il crut un instant s’être trompé et avoir pris la rivière des Poissons pour la rivière Orange ; mais, ayant pris hauteur, il vit que son estime était juste : en effet, au bout de vingt heures de navigation, il arriva en vue de la capitale des Petits-Namaquois.

La capitale des Petits-Namaquois n’était peuplée que de femmes, d’enfants et de vieillards, lesquels étaient dans la plus profonde désolation, car voici ce qui était arrivé :

Aussitôt après le départ du capitaine Pamphile, Outavaro et Outavari, alléchés, l’un par les deux mille cinq cents et l’autre par les quinze cents bouteilles d’eau-de-vie qu’ils devaient toucher en échange de leur fourniture d’ivoire, s’étaient mis chacun de son côté en chasse ; malheureusement, les éléphants se tenaient dans une grande forêt qui séparait les États des Petits-Namaquois de ceux des Cafres, espèce de terrain neutre qui n’appartenait ni aux uns ni aux autres, et sur lequel les deux chefs ne se furent pas plus tôt rencontrés, que, voyant qu’ils venaient pour la même cause et que la spéculation de l’un nuirait nécessairement à celle de l’autre, les levains de vieille haine, qui ne s’étaient jamais bien éteints entre le fils de l’orient et le fils de l’occident se rallumèrent. Chacun était parti pour une chasse ; tous, par conséquent, se trouvaient armés pour un combat, de sorte qu’au lieu de travailler de concert à réunir les quatre mille défenses, et de partager à l’amiable leur prix, ainsi que quelques vieillards à tête