Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/290

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êtes pris à exécrer les fleurs, vous avez abominé, blaphémé, excommunié les fleurs !

C’est pourtant une bien charmante chose qu’une fleur, quand ce n’est pas un laid et sale bouquetier qui vous force de la prendre, mais que c’est une douce et blanche main qui vous la donne ; quand elle garde, mêlée à son odeur, celle de l’haleine qui l’a effleurée, et quand elle vous apporte un baiser caché dans ses discrets et suaves pétales.

Eh bien, encore un désenchantement : au bout de quatre jours de Naples, vous êtes dégoûté des fleurs. Pourquoi cela ? Parce que c’est la hideuse mendicité qui vous les présente.

Oh ! soyez tranquilles : qu’une fée vous transporte dans une prairie de la Touraine, dans un herbage de la Normandie ou le long d’une haie de la Vendée, et vous verrez avec quelle joie enfantine vous ferez un bouquet de marguerites, de boutons d’or et de pervenches.

Vous échappez aux bouquetiers, et vous continuez votre route ; vous passez à Mergellina, au milieu d’une haie de mendiants ; mais vous fermez les yeux pour ne pas les voir, et il leur est heureusement impossible de vous suivre, car votre voiture va vite en roulant sur le terrain plane ; d’ailleurs, c’est le quartier des estropiés.

Mais, à la villa Barbaïa, la route monte ; votre cocher met ses chevaux au pas.

Tout est un prétexte de mettre ses chevaux au pas pour le cocher napolitain : la route monte, la route descend, la route est pavée, la route est sablée, la route tourne.