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15 centimes le Numéro
24 Avril 1859
No 9

LE CAUCASE
JOURNAL DE VOYAGES ET ROMANS
PARAISSANT TOUS LES JOURS

Nous commençons notre publication par le voyage d’ALEXANDRE DUMAS au Caucase.
Cette première publication de notre Journal, entièrement inédite, sera complète en trente numéros pour lesquels on s’abonne chez Jaccottet, rue Lepelletier, 31, et pour la vente, chez Delavier, rue Notre-Dame-des-Victoires, 11.

Nous relayâmes avec la plus grande rapidité possible. Quant à notre escorte, douze hommes étaient prêts avant que nous les eussions demandés. Nous en eussions eu cinquante si nous eussions voulu ; nous eussions eu tout le village, femmes et enfants.

Les femmes surtout étaient d’une incroyable animation. C’étaient des gestes d’un sauvage, des cris d’une férocité dont on n’a pas idée.

Des enfants, à qui, chez nous, on ne laisse pas un couteau entre les mains, de peur qu’ils se blessent, tenaient des kangiars nus et semblaient prêts à faire le coup de poignard.

Nous partîmes au grand galop au milieu des hurlements de ce troupeau d’hyènes.

En sortant d’Hylly, nous découvrîmes parfaitement toute la plaine et toute la chaîne de montagnes dans laquelle s’accomplissait l’événement. Il nous semblait voir, dans la direction indiquée, s’agiter avec une grande rapidité des êtres quelconques ; mais, à la distance où nous étions d’eux, il était impossible de distinguer si c’étaient des hommes ou des animaux, une bande de cavaliers ou un troupeau de moutons ou de bœufs.

On ne voyait que des points noirs.

Il y avait à peu près une lieue de plaine, parfaitement unie, du chemin que nous suivions au pied de la montagne ; avec l’autorisation de mes deux compagnons, je donnai l’ordre aux hiemchicks de diriger les voitures à travers cette plaine droit sur le ravin de Zilly-Kaka.

Notre escorte applaudit à cette décision par de grands cris : les hommes qui la composaient avaient leurs frères et leurs amis engagés avec les Lesguiens, et ils avaient hâte de savoir ce qu’ils étaient devenus.