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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/275

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mot de cet entretien, et son œil perçant avait même cru lire un secret dans l’embarras du secrétaire intime.

Il résulta de cet embarras de Lucien, qui avait complètement échappé à Albert, que Lucien abrégea sa visite.

Il se sentait évidemment mal à l’aise. Le comte lui dit en le reconduisant quelques mots à voix basse auxquels il répondit :

— Bien volontiers, monsieur le comte, j’accepte.

Le comte revint au jeune de Morcerf.

— Ne pensez-vous pas, en y réfléchissant, lui dit-il, que vous avez eu tort de parler comme vous l’avez fait de votre belle-mère devant M. Debray ?

— Tenez, comte, dit Morcerf, je vous en prie, ne dites pas d’avance ce mot-là.

— Vraiment, et sans exagération, la comtesse est à ce point contraire à ce mariage ?

— À ce point que la baronne vient rarement à la maison, et que ma mère, je crois, n’a pas été deux fois dans sa vie chez madame Danglars.

— Alors, dit le comte, me voilà enhardi à vous parler à cœur ouvert : M. Danglars est mon banquier, M. de Villefort m’a comblé de politesse en remerciement d’un service qu’un heureux hasard m’a mis à même de lui rendre. Je devine sous tout cela une avalanche de dîners et de raouts. Or, pour ne pas paraître brocher fastueusement sur le tout, et pour avoir le mérite de prendre les devants, si vous voulez, j’ai projeté de réunir dans ma maison de campagne d’Auteuil M. et madame Danglars, M. et madame de Villefort. Si je vous invite à ce dîner, ainsi que M. le comte et madame la comtesse de Morcerf, cela n’aura-t-il pas l’air d’une espèce de rendez-vous matrimonial, ou du moins madame la comtesse de