Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/276

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Morcerf n’envisagera-t-elle point la chose ainsi, surtout si M. le baron Danglars me fait l’honneur d’amener sa fille ? Alors votre mère me prendra en horreur, et je ne veux aucunement de cela, moi ; je tiens, au contraire, dites-le-lui toutes les fois que l’occasion s’en présentera, à rester au mieux dans son esprit.

— Ma foi, comte, dit Morcerf, je vous remercie d’y mettre avec moi cette franchise, et j’accepte l’exclusion que vous me proposez. Vous dites que vous tenez à rester au mieux dans l’esprit de ma mère, où vous êtes déjà à merveille.

— Vous croyez ? fit Monte-Cristo avec intérêt.

— Oh ! j’en suis sûr. Quand vous nous avez quittés l’autre jour, nous avons causé une heure de vous ; mais j’en reviens à ce que nous disions. Eh bien, si ma mère pouvait savoir cette attention de votre part, et je me hasarderai à la lui dire, je suis sûr qu’elle vous en serait on ne peut plus reconnaissante. Il est vrai que, de son côté, mon père serait furieux.

Le comte se mit à rire.

— Eh bien, dit-il à Morcerf, vous voilà prévenu. Mais, j’y pense, il n’y aura pas que votre père qui sera furieux ; M. et madame Danglars vont me considérer comme un homme de fort mauvaise façon. Ils savent que je vous vois avec une certaine intimité, que vous êtes même ma plus ancienne connaissance parisienne, et ils ne vous trouveront pas chez moi ; ils me demanderont pourquoi je ne vous ai pas invité. Songez au moins à vous munir d’un engagement antérieur qui ait quelque apparence de probabilité, et dont vous me ferez part au moyen d’un petit mot, vous le savez, avec les banquiers les écrits seuls sont valables.

— Je ferai mieux que cela, monsieur le comte, dit Albert.