Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/32

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m’aurait, je vous prie de le croire, tenu scrupuleusement parole.

— Mais Franz arriva avec les quatre mille écus ? dit Château-Renaud. Que diable ! on n’est pas embarrassé pour quatre mille écus quand on s’appelle Franz d’Épinay ou Albert de Morcerf.

— Non, il arriva purement et simplement accompagné du convive que je vous annonce et que j’espère vous présenter.

— Ah çà ! mais c’est donc un Hercule tuant Cacus, que ce monsieur, un Persée délivrant Andromède ?

— Non, c’est un homme de ma taille à peu près.

— Armé jusqu’aux dents ?

— Il n’avait pas même une aiguille à tricoter.

— Mais il traita de votre rançon ?

— Il dit deux mots à l’oreille du chef, et je fus libre.

— On lui fit même des excuses de t’avoir arrêté, dit Beauchamp.

— Justement, dit Morcerf.

— Ah çà ! mais c’était donc l’Arioste que cet homme ?

— Non, c’était tout simplement le comte de Monte-Cristo.

— On ne s’appelle pas le comte de Monte-Cristo, dit Debray.

— Je ne crois pas, ajouta Château-Renaud avec le sang-froid d’un homme qui connaît sur le bout du doigt son nobiliaire européen ; qui est-ce qui connaît quelque part un comte de Monte-Cristo ?

— Il vient peut-être de Terre Sainte, dit Beauchamp ; un de ses aïeux aura possédé le Calvaire, comme les Mortemart la mer Morte.

— Pardon, dit Maximilien, mais je crois que je vais vous tirer d’embarras, Messieurs : Monte-Cristo est une