Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trente ans, avait fait son bonheur, par prendre en dégoût ce qui était son orgueil ; il délaissa son jardin et ne s’occupa plus que de la pêche, qui avait cet avantage qu’elle le tenait éloigné pendant des journées entières d’un voisinage abhorré.

Ce n’était point Jean Riouffe qui avait fait du jardin de son chalet une merveille si désobligeante pour l’ex-portefaix.

À la suite de la visite de Marius, Mlle Madeleine avait adressé à son frère de tendres mais sévères remontrances au sujet de ses procédés vis-à-vis de M. Coumbes. L’affliction qu’ils causaient à celui-ci était devenue touchante en passant par les lèvres d’une sœur que Jean Riouffe adorait. Il avait bon cœur, comme la plupart des mauvais sujets ; il essaya de tourner en plaisanterie l’attendrissement de la jeune fille ; mais voyant que celle ci restait grave, il se rendit et promit d’exécuter tout ce qu’elle lui demanderait.

Il avait consenti à aller en personne faire amende honorable à ce personnage qu’il ne pouvait s’empêcher de trouver fort ridicule ; mais, dans la journée même où cette démarche devait s’effectuer, Mlle Madeleine parut avoir changé d’avis, et la lettre dont M. Coumbes avait fait trophée remplaça la visite projetée. Jean Riouffe l’écrivit de bonne grâce ; il promit, en outre, à sa sœur, que le chalet cesserait d’être le