Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/135

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tous ses gestes, et, en outre du bonheur qu’il éprouvait à la voir, cette course souvent fatigante avait son dédommagement : il pouvait cueillir les fleurs qu’avait touchées la main de Madeleine, que sa robe avait courbées en passant ; il en formait un bouquet qu’il emportait dans sa chambre, et, pendant toute la semaine, il adressait à cette fragile et incertaine émanation de la reine de ses pensées, des tendresses que n’eût point désavouées le sentimentalisme d’un étudiant de Francfort.

Tout l’été se passa de la sorte et sans que le hasard, qui avait si peu à faire cependant pour fournir un trait d’union à deux cœurs remplis de tant de bonne volonté l’un pour l’autre, se décidât à les rapprocher.

On était à la fin de septembre, et les habitants du cabanon et du chalet se montraient également soucieux :

M. Coumbes, parce que, si l’équinoxe d’automne avait enlevé les derniers parfums du jardin envié, elle avait aussi ramené les tempêtes ; que la houle se faisait vague, que la vague se faisait montagne, que les courses aux îles de Riou, théâtre ordinaire de ses exploits, devenaient impraticables.

Millette avait plusieurs raisons d’être triste. Marius était de la prochaine conscription, et la pauvre mère n’en voyait pas venir le moment sans