Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/223

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à Pierre Manas, en voyant que celui-ci continuait de garder le silence.

– Eh ! tron de l’air ! répliqua brutalement le bandit, ce à quoi je songe, mon pichon ? Je songe au moyen que tu pourras employer pour me faire parvenir cet argent ; car tu ne l’as pas sur toi, que je pense.

Toutes les illusions du jeune homme à l’endroit de la réhabilitation morale du vieux malfaiteur s’évanouirent à ces mots.

– Non, répondit-il sèchement ; mais vous n’avez qu’à me donner un rendez vous pour demain dans les collines, et je vous porterai moi-même cet argent.

– Ah ! je vous vois venir, mon malin, répondit Pierre Manas ; vous voulez me faire arquepincer, n’est-ce pas ? avouez-le tout de suite.

– Si telles étaient mes intentions, malheureux, répondit le jeune homme, vous avez reconnu que j’étais plus fort que vous, je n’aurais donc qu’à vous prendre à la gorge et à vous tenir ainsi jusqu’à ce que les douaniers que j’appellerais fussent arrivés.

– C’est vrai ; mais, coquin de sort ! pourquoi diable me voulez-vous donc tant de bien ?

– Ce n’est point la question… À quelle heure vous trouverai-je demain dans les collines ?

– Oh ! pas dans les collines. Après la petite affaire