Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/224

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de ce soir, c’est une garenne dont on va fureter tous les terriers ; j’aime mieux tâter de Marseille ; donc si vous voulez réparer le tort que vous m’avez fait en me forçant de tuer un petit peu le méchant coquin qui est venu me déranger pendant que je travaillais chez votre bonne amie, vous me trouverez demain, entre midi et une heure, sur la place Neuve.

– Sur la place Neuve, sur le port ! s’écria Marius, stupéfait que Pierre Manas songeât à se montrer à l’endroit le plus fréquenté de Marseille.

– Eh ! sans doute, répondit celui-ci ; c’est l’heure où la place est encombrée de portefaix et de matelots : ce n’est que lorsque le poisson est seul qu’il est facile à harponner.

– Soit, répondit Marius, demain entre midi et une heure.

– Vous avez bien sur vous quelque monnaie, dit alors Pierre Manas avec le ton traînant et nasillard du mendiant ; donnez-la-moi, mon pichon, cela m’inspirera un peu de patience. Marius tira sa bourse de sa poche et la laissa tomber aux pieds du meurtrier.

Celui-ci la ramassa et la soupesa dans sa main.

– Ah ! coquin de sort ! dit-il avec un soupir, elle n’est pas à beaucoup près aussi lourde que l’était celle de la demoiselle. Décidément, c’était une plus agréable connaissance que la vôtre, mon pichon ;