Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/237

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M. Coumbes rejeter sur le jeune homme toute la responsabilité du crime.

Ce désespoir ne se manifesta pas chez elle par des cris et par des pleurs, comme il eût pu arriver chez une femme du Nord. Non, sa physionomie calme et douce devint menaçante, ses yeux se chargèrent d’éclairs, et, les narines dilatées, les lèvres frémissantes, oubliant en un instant les vingt ans de respectueuse infériorité dans laquelle elle avait vécu, oubliant sa profonde affection, sa reconnaissance pour M. Coumbes, elle s’ouvrit un passage à travers la triple haie de curieux qui entouraient ce dernier, et, se plaçant en face de lui au milieu du cercle :

– Au nom de Notre-Seigneur Dieu, monsieur, s’écria-t-elle, comme si elle n’eût pu croire à ce que ses oreilles entendaient, que dites-vous donc là ? Répétez, je dois avoir mal entendu.

M. Coumbes baissa la tête à cette interrogation, avant-courrière de l’orage qui commençait à gronder dans les entrailles maternelles ; le respect humain, le sens moral luttèrent un instant contre son égoïsme ; mais l’instinct de la conservation, tout-puissant chez lui, prit promptement le dessus.

– Par ma foi, dit-il, chacun pour soi en ce monde. Qu’il dise qu’il l’a tué dans une rixe et qu’il se débrouille avec les juges ; c’est son affaire et non pas la mienne. Marius n’est pas mon fils, après tout.