Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/238

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M. Coumbes avait regardé Millette fixement en prononçant ces derniers mots ; il espérait que la pudeur de la femme imposerait silence à la mère.

– Oh ! non, ce n’est pas votre fils, reprit Millette hors d’elle-même et d’une voix éclatante, et c’est parce que ce n’est pas votre fils que si, innocent, on l’accusait d’un crime, il ne serait pas assez lâche pour rejeter ce crime sur un autre innocent. Non, il n’est pas votre fils, et c’est parce qu’il n’est pas votre fils qu’il a trop de cœur pour assassiner son prochain, soit avec le couteau, soit avec les paroles.

M. Coumbes faisait un mouvement à chacune de ces interjections, comme si chacune d’elles l’eût frappé au visage. Mais, quand Millette eut fini :

– Tron de l’air ! hurla-t-il, qu’est-ce que j’entends donc là ? C’est la fin du monde !… Tu oses le soutenir et contre moi ? Femme, c’est ainsi que tu récompenses ma bêtise d’avoir élevé ce méchant drôle, de lui avoir donné mon pain à manger, d’avoir souffert que tu portes mon nom quand tu n’étais pas ma femme ; car cette malheureuse n’est pas ma femme, comme vous avez pu le croire, ajouta-t-il en s’adressant à ceux qui l’écoutaient. Ah ! tu veux que ma tête tombe au lieu de la sienne ! tu te joins à mes ennemis !… Eh bien, pour commencer, je te chasse ; je te rejette dans la misère où je t’ai prise. Attends, attends, laisse seulement